Gestion de la classe et discipline


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Gestion de la classe
Principes généraux
Les élèves sont ce qu’ils sont. Nous les recevons en septembre, et ils doivent être (un peu?) meilleurs en anglais en juin. C'est notre seul objectif. Bons ou faibles, pénibles ou non, classes hétérogènes ou pas, il faudra faire avec pendant un an.
Les conditions de travail sont ce qu’elles sont. Les effectifs sont ce qu'ils sont, les horaires aussi. Si on n'a rien pu changer en début d'année il faudra faire avec pendant un an.
La seule chose sur laquelle nous avons une réelle influence et que nous pouvons modifier, c’est notre propre comportement.
Nous devons donc savoir nous adapter aux élèves et aux circonstances : ni renoncer ni abdiquer, ni s’obstiner ni refuser de se remettre en cause. Nous nous sommes fixé des objectifs, selon la classe et les circonstances, et il faut parvenir à les atteindre.
Apprenons donc à ne pas nous jeter à nous-mêmes des peaux de bananes sous les pieds. Le métier est assez dur comme ça !
Les propositions qui suivent ont été recueillies lors de discussions au sein d'un groupe de travail sur les problèmes de discipline au sein du collège de Montréal la Cluse, dans l'Ain. Prenez-les comme un livre de cuisine, certaines recettes vous conviendront, d'autres pas, certaines seront adaptées à votre établissement et à vos élèves, d'autres pas. Choisissez, et j'espère simplement que quelques unes vous apporteront une aide.
 
La prise en charge : dans la cour
Pour tous ceux qui vont chercher les élèves dans la cour ou le préau, c'est là que le cours commence. Vous prenez en charge vos élèves, et ils doivent le savoir. Vous devez montrer clairement qu'ils sont désormais sous votre autorité, et pour cela, ils doivent sentir votre présence physique, n'hésitez pas aller au devant d'eux.
Cette phase de prise en charge est une sorte de période sas entre la récréation et le cours. Pour que celui-ci démarre bien et rapidement les élèves doivent comprendre que la récré est finie et que votre cours commence dès leur mise en rang et votre arrivée.
A ne pas faire Préférable
Ne pas appeler les élèves d'un geste en restant sur le pas de la porte.

Ne pas être en retard.

Ne pas monter en cours tant que le groupe n'est pas assez calme.

Dans la mesure du possible ne pas laisser sa classe se mélanger à une autre.
Exiger qu'ils se groupent à la sonnerie et se mettent en rang. Même les 3èmes...

Pendant ce temps, circuler le long du rang pour discuter, les faire se ranger, prendre contact.

Très important : quand la classe monte, rester derrière, faire la voiture-balai. Cela permet d'éviter les bêtises des élèves loin derrière vous et de rester discuter avec les plus à même d'en faire.

Autre technique : la chicane. On part en tête et on s'arrête à un endroit stratégique de la montée vers la classe. On se met sur le côté, bloquant ainsi une partie du passage et obligeant les élèves à passer un par un devant vous, ce qui les calmera nécessairement. On finit la montée derrière.
 
La prise en charge : devant la salle de classe
Là encore votre présence physique est indispensable. Si vous n'allez pas chercher les élèves en bas ou s'il s'agit d'un intercours, montrer physiquement aux élèves que vous êtes disponibles pour eux, que votre cours précédent est fini et que vous les accueillez.
De plus, les intercours sont une période critique et il est bon que le maximum d'adultes soient présents physiquement dans les couloirs. N'hésitez pas à intervenir, même si ce ne sont pas vos élèves.
A ne pas faire Préférable
Ne pas rester derrière son bureau sans s’occuper d’eux.

Ne pas les laisser entrer un par un au fur et à mesure de leur arrivée.

Ne pas laisser les élèves entrer dans la classe bruyamment.

Les faire se (re)mettre en rang, et de nouveau attendre que le calme s'installe.

Attendre que la classe soit au complet pour les faire entrer.

Attendre que les derniers élèves de la classe précédente soient tous sortis pour faire entrer la classe suivante.

Rester à l’entrée et dire bonjour à chaque élève nominalement, si possible.

 
La prise en charge : dans la salle de classe
Vous avez calmé les élèves une première fois dans la cour, puis encore devant la classe, reste maintenant la phase finale de la prise en charge, dans la salle. Là encore, les élèves doivent sentir votre présence physique.
Evitez au maximum de crier. Si vous criez constamment, les élèves ne vous entendent plus. Trouvez d'autres moyens de faire sentir votre présence (toux forcée, etc.).
Les rituels de début d'heure ont un rôle très important, surtout pour un cours d'anglais. La période "sas" entre récréation et cours se termine, ils sont en cours et leur esprit doit se tourner vers l'anglais.
A ne pas faire Préférable
Ne pas accepter les retards non justifiés. Instituez dans l'établissement une règle à respecter, par exemple 3 retards non justifiés = une retenue.

Ne pas commencer un cours dans le bruit, idem pour l'appel.

Faire rester les élèves debout jusqu'au silence. C'est une bonne habitude à décider collectivement par tous les profs de votre établissement. Il ne s'agit pas de rester au garde à vous, mais d'attendre le silence (pas trop longtemps !) et de se dire bonjour.

FAIRE L'APPEL (acte administratif OBLIGATOIRE).

Leur demander de ne pas sortir leurs affaires avant la fin de l'appel.

Attendre le silence avant de commencer le cours.

Imposer des rituels.
 
La prise en charge : A la fin du cours
A ne pas faire Préférable
Ne pas commencer une activité nouvelle quelques minutes avant la sonnerie. C'est du temps de perdu.

Ne pas laisser les élèves s'agglutiner devant la porte si vous avez fini plus tôt.

Ne pas accepter une sortie de classe en hurlant.

Ne pas lâcher les élèves en retard. Respectez le collègue qui les prend après vous.

Bien prévoir le timing de la fin du cours et donner les devoirs avant la sonnerie. Si vous ne le faites pas, plusieurs élèves en profiteront pour ne pas écrire le travail, et ne pas le faire.

Si on a terminé le cours quelques minutes plus tôt, les élèves restent assis tranquillement et révisent ou chuchotent.

Rituel pour classes bruyantes : ils restent assis et on attend le silence. Le jeu consiste à laisser sortir la première rangée ou colonne qui se tait.

Ne pas oublier de faire ranger les chaises et les tables.

Laisser la salle propre pour le prof suivant, merci.

Rituel de fin de cours : “Bye, see you…”

 
La prise en charge : Le plan de classe
Quelques principes
Etablir un plan de classe est une excellente initiative qui évite bien des ennuis. Il est préférable qu'il s'agisse d'une décision collective et que tous les profs de l'établissement agissent de même.
Définir le plan AVANT le premier cours (par ordre alphabétique si on ne les connaît pas, par exemple).
Ne pas accepter les changements de place individuels. Sauf cas de force majeure, refuser tout changement, sinon, on a du mal à éviter les injustices.
Se réserver le droit de modifier le plan ensuite. Attention par exemple aux élèves portant des lunettes ou entendant mal.
Où placer les pénibles ? Technique du cordon sanitaire : on écarte l'élève bavard sur un côté et on l'entoure d'élèves "muets".
Essayer quand même de ne pas trop pénaliser les élèves non perturbateurs, qui risquent d'être séparés de leurs amis alors que eux sont restés silencieux!
 
Conduite de la classe : Savoir-être
A ne pas faire Préférable
Ne pas rester retranché derrière son bureau.

Ne pas s’adresser toujours aux mêmes élèves. Ne pas en oublier. Ils sont très sensibles à ce genre d'injustice.

Certains élèves ne supportent pas que l'on envahisse leur espace vital (1 m = zone de tension)

Attention aux positions déstabilisantes pour les élèves (ex : passer toute l'heure derrière eux au fond de la classe).

Savoir bouger dans la classe.

Faire sentir physiquement sa présence.

Se déplacer pour aider les élèves lors d'exercices écrits.

Savoir s'intéresser à tous les élèves.

Adopter une économie de paroles et de gestes. Moins vous parlez, mieux c'est.

Accepter de rire et sourire!

Avoir une tenue vestimentaire et une hygiène corporelle irréprochables.

Attention pour vous Mesdames et Mesdemoiselles aux décolletés trop plongeants ou aux jupes trop courtes. Sans tomber dans l'intégrisme, rappelez-vous que l'attention de vos élèves doit rester fixée sur le cours, pas sur autre chose...

 
Conduite de la classe : La notion de distance
A ne pas faire Préférable
Ne pas donner d'emprise aux élèves sur son image. Si vous les laissez s'emparer de votre image, vous devenez une caricature de vous même.

Trouver les élèves très sympas au début. La classe que vous aimez bien risque de devenir insupportable rapidement.

Tutoiement ou vouvoiement ? Il me semble que eux doivent vous vouvoyer et vous les tutoyer.

Ne pas essayer de faire "jeune" et de parler comme eux.

Ne pas raconter sa vie. Ne pas essayer d'apitoyer les élèves sur son sort. Ils détestent ça, à juste titre.

Ne pas les laisser fouiller dans ses affaires sur son bureau.

Avoir une image "lisse", rester naturel mais sobre.

Imposer une distance entre soi et les élèves. Vous êtes de l'autre côté du stylo rouge. Il y a un rapport de hiérarchie clair et bien délimité.

Etre convaincu que le prof est seul maître à bord.

Etre strict au début et relâcher la bride ensuite, mais surtout pas l'inverse.

S'adresser aux élèves nominalement, par leur prénom par exemple, mais pas d'un geste du doigt. Les élèves sont très sensibles à ce qu'il prennent pour de l'indifférence voire du mépris.

Manier l’humour et l'ironie avec circonspection. Les élèves prennent tout au premier degré. On a toutes les chances de les blesser par des paroles que l'on croyait, nous, très drôles.

Politesse et respect fonctionnent dans les 2 sens. "Values are caught, not taught."

 
Eviter si possible les conflits
Quelques principes
La règle d'or est de tout faire pour que le conflit ne dégénère pas, et éviter l'escalade. On n'y parviendra pas à chaque fois, mais on peut éviter 80% des conflits par un comportement adéquat. Les 20% restant nous occuperont bien assez...
L'agressivité engendre l'agressivité. Notre rôle est de désamorcer la crise pour pouvoir continuer notre travail, qui est de faire cours. Ne rajoutons pas nous-même plus de perturbation.
L'économie de paroles et de gestes est fondamentale. Il sera trop tard ensuite pour regretter les paroles en trop que l'on n'aurait pas dû dire.
Pour remettre les élèves au travail il faut faire baisser le niveau sonore. Quand on crie, on rajoute du bruit au bruit.
Plus on crie, plus les élèves s'habituent à nos cris et moins ils en tiennent compte. Gardons nos haussements de voix pour les situations où nous en aurons vraiment besoin, et il y en aura bien assez... Les petites perturbations doivent se résoudre sans bruit.
En cas de conflit on fait de l'élève le centre de l'attention : il devient héros anti-prof, grâce à nous.
 
Eviter si possible les conflits : Obtenir le silence et l'attention des élèves
Comment ?
Ne jamais commencer le cours sans le silence et l'attention de tous. Ces règles se mettent en place dès les premières minutes du premier cours de l'année.
S’il y a du bruit, ne pas hausser la voix, arrêter le cours et regarder un des élèves perturbateurs avec insistance. Les élèves sont souvent à l'aise dans le bruit, mais beaucoup moins dans le silence.
Le rapport de force décibels contre décibels n’est pas en notre faveur. Jouer à ce jeu-là avec eux est voué à l'échec.
Faire sentir sa présence (toux forcée, etc.) et sa désapprobation.
Hausser la voix à bon escient, en dernier recours, si on ne peut pas obtenir le silence par un autre moyen. Il y a bien sûr de nombreux cas où ça n'est pas possible. Mais les stratégies silencieuses doivent toujours être essayées en premier. Si elles ne marchent pas, alors il faudra hausser la voix.
Quand le silence est établi, attendre 5 à 10 secondes pour bien assurer la stabilité du silence.
Continuer sur un ton plus doux qu'auparavant, pour faire tomber le niveau sonore.
A certaines heures de la journée, et avec certaines classes, on ne peut pas faire autrement que de s'arrêter 10 fois par cours.
 
Eviter si possible les conflits : Gérer les petites perturbations
Quelques principes
Nous sommes confrontés quotidiennement à ces petites perturbations. Ce ne sont pas des situations de conflits extrêmes. Il faut donc faire en sorte qu'elles ne le deviennent pas. Car tous les gros conflits ont pour origine une broutille qui a dégénéré. Et bien souvent nous en sommes nous-mêmes responsables, c'est notre propre réaction qui a fait envenimer les choses.
Utiliser la gestuelle et/ou une voix douce, mais ferme, afin de perturber le cours au minimum. Et surveiller son propre langage. A tout prix éviter de dire des phrases du genre "Arrête de te comporter comme une imbécile!". Ces phrases prononcées (presque) innocemment sont reçues comme une insulte et débouchent systématiquement sur un conflit grave. Adopter une économie de paroles et de gestes. Plutôt que de dire une bêtise, mieux vaut se taire.
Inutile de crier, ou de menacer. Pour obtenir ce que l'on veut, il faut agir comme si l'éventualité d'une désobéissance ne nous effleurait même pas l'esprit. Il faut tricher, et faire semblant de tout maitriser, même si on sait très bien que ce n'est pas le cas, l'important c'est que les élèves le croit.
Dès les premières minutes du premier cours de l'année, ne pas transiger sur certains points. "Give them an inch and they'll take a mile."
 
Eviter si possible les conflits
Exemples concrets de petites perturbations
L’élève qui joue avec sa règle => on se déplace vers lui tout en continuant le cours, on prend gentiment la règle et on la met dans sa trousse. Sans un mot, et avec pourquoi pas un petit sourire amical.
On veut qu'un élève change de place => une phrase suffit : "..., you go over there, please", accompagné d'un geste. Et on continue le cours comme si rien ne s'était passé et comme si l'éventualité d'un refus n'était même pas envisagée. Si au bout de quelques minutes l'élève n'a pas obtempéré, on arrête le cours et on le regarde avec insistance, sans rien dire, avec l'air étonné de celui ou celle qui ne comprend pas pourquoi son ordre n'a pas été exécuté. Dans l'immense majorité des cas, l'élève se déplacera. S'il ne le fait pas, on répète notre ordre. S'il y a 3ème refus, le conflit gronde...
Chewing gum => un geste vers la poubelle. C'est tout. Et le cours continue.
Exercice écrit : des élèves ne semblent pas faire grand-chose. => On se dirige vers eux sans rien dire. La plupart se met au travail en nous voyant approcher.
Ecoute d’enregistrement : un élève n’écoute pas. => on arrête l'enregistrement et on le regarde avec insistance. On peut aussi l'interroger, et lui faire comprendre sans animosité qu'on l'a fait parce qu'on savait très bien qu'il ne pourrait pas répondre, puisqu'il n'écoutait pas. Il est important qu'ils croient que nous regardons et maitrisons tout. Même si nous savos pertinemment que ça n'est pas le cas...
Deux élèves chuchotent à voix basse sans faire trop de bruit => Un petit "chut" en leur direction avec l'index devant la bouche. C'est suffisant dans la plupart des cas. Et on continue le cours.
Un élève s’agite ou bavarde => on s'arrête et on le regarde. Attendre que les autres vont lui signifier que c'est lui qu'on attend. Il est en général très surpris et s'arrête.
Un élève triche pendant un contrôle => La règle doit être établie en début d'année. Un élève pris à tricher, c'est le zéro. On se dirige donc vers lui avec son stylo rouge, on constate la tricherie, on prend sa feuille et on met un zéro. On ne dit rien, on ne le dispute pas, rien. A la fin de l'heure, on lui demande gentiment de s'expliquer : "Pourquoi tu as fait ça, tu n'avais rien appris ?" La réprimande devant tout le monde rajouterait une humiliation publique à celle que l'élève ressent au fond de lui, et pourrait lui fournir une porte de sortie devant les autres en lui permettant de jouer les rebelles.
 
Réagir en cas de conflits : Affronter le problème en face
A ne pas faire Préférable
Ne pas rester dans son coin avec son problème, en refusant d'en parler.

Ne pas nier les problèmes. Ne pas dire en salle des profs que tout va bien.

Ne pas se décharger du problème chez le CPE ou le Principal. Vous n'avez normalement pas le droit de renvoyer un élève.

Ne pas culpabiliser non plus. On a tous un jour au l'autre des conflits avec des élèves. Cela fait partie hélas de notre métier.

Agir vite

Faire intervenir le Prof Principal le plus tôt possible.

Faire intervenir l'équipe pédagogique soudée. Les élèves ont beaucoup de force face à un individu. Et ils vont plus souvent battre en retraite face à une équipe déterminée. Il sont toujours très surpris d'apprendre que nous sommes au courant de tout ce qui s'est passé, même dans le cours précédent. Et c'est beaucoup plus déstabilisant pour eux. De même, un entretien en tête à tête avec les parents et l'élève a beaucoup moins d'impact que si ils ont à faire face à l'équipe au complet.

Prévenir l’administration le plus tôt possible afin que l'élève sache qu'il est surveillé.

Impliquer les parents le plus vite possible.

 
Réagir en cas de conflits : La réaction à chaud
A ne pas faire Préférable
Eviter les messages de valeur, du genre "Tu te rends compte de ce que tu viens de faire?" ou bien "tu sais combien tu coûtes à la société?", etc. Nos valeurs ne sont pas les leurs. Ce type de message n'a aucun effet sur eux.

Ne pas commettre d'injustices. Faire très attention quand on ne sait pas exactement ce qui s'est passé.

Surtout pas de punitions collectives. Elles sont contre-productives. Les élèves qui nous détestent seront confortés dans leur point de vue et ceux, (il y en a) qui nous aimaient bien seront déstabilisés et discrédités et se retourneront contre nous. Le seul effet d'une punition collective c'est de perdre les quelques alliés qui nous restaient.

Si un système de croix existe, ne pas en mettre plusieurs. Un tel système ne fonctionne que si il garde son sens.

Ne pas menacer sans jamais passer à l'acte. Ne pas dire à chaque fois "la prochaine fois...", "c'est le dernier avertissement", etc. Le dire une fois, et agir ensuite.

Ne pas envenimer la crise par des propos déplacés ou des décisions hâtives prises sous l’emprise de la colère.

Rappel à la règle : La règle existe et on l'applique, point. On peut l’expliquer si nécessaire, mais c'est tout. Et à une infraction correspond une sanction.

Sanctionner plutôt que punir. C'est à dire faire toujours référence à la règle. Tu as fait cela, c'est interdit, donc tu as telle sanction.

Instituer une échelle des sanctions dans l’établissement.

Laisser UNE chance à l'élève en faute, pas deux. On a le droit à l'erreur.

Savoir se contrôler, en particulier éviter à tout prix les mots blessants. Si c’est possible, remettre à la fin de l’heure la résolution du problème. Dire à l'élève "tu viendras me voir à la fin de l'heure (ne pas oublier !). Cela permet à l'élève de se calmer, et à nous aussi.

Très important : Ne pas oublier de faire un rapport écrit. En cas de conseil de discipline, il faut des arguments circonstanciés et des preuves écrites. Combien de fois avons-nous vu des chefs d'établissement accusés de refuser un conseil de discipline alors qu'ils n'avaient rien d'écrit en leur possession. Nous sommes, nous enseignants, responsables de ce genre de situations.

S'il y a conflit grave, remettre au chef d'établissement un rapport écrit, avec des explications claires et datées.

 
Réagir en cas de conflits : Gérer les relations avec les élèves sur le long terme
A ne pas faire Préférable
Ne pas se permettre ce qu'on interdit aux élèves (retards, chewing gum, etc.).

Ne pas refuser de se remettre en cause et tout mettre sur le dos des élèves. C'est une mauvaise habitude des profs français de se croire infaillibles et de chercher des responsables ailleurs. Nous avons un métier où nos certitudes pédagogiques sont mises à mal chaque jour. Nous devons constamment nous remettre en cause pour évoluer.

Engager le dialogue (pas la négociation). Accepter les revendications légitimes des élèves. On peut par exemple en fin de 1er trimestre leur demander ce qu'ils aimeraient voir changer dans notre façon de travailler. Sans accepter les bêtises, bien sûr, on s'aperçoit souvent qu'ils font des remarques pertinentes et constructives qui nous permettent d'avancer.

Accepter de se remettre en cause, sans pour autant culpabiliser.

Laisser aux élèves le choix des points de détails, tout en refusant de négocier sur l'essentiel. On peut par exemple leur demander leur avis sur la date des contrôles, afin de ne pas les surcharger, et dans la mesure où ça ne perturbe pas notre progression.

Varier les activités : tous les élèves doivent avoir leur place :
Les moyens :
- les besogneux : leur donner des leçons claires à apprendre
- les pas trop courageux : leur donner l'occasion d'apprendre en s'exprimant
Les forts : leur donner du grain à moudre
Les faibles : les aider et leur donner l'occasion de participer
Les irrécupérables : ne pas les oublier, les impliquer dans la vie de la classe en leur donnant des tâches simples et actives (distribuer les livres, jouer le rôle de secrétaire de séance, aller chercher quelque chose, etc.).
 
Les classes difficiles
Quelques principes
Faire attention aux arbres qui cachent la forêt. On peut facilement en arriver à détester une classe à cause d'un ou deux élèves. Inversement, il est courant d'avoir l'impression qu'une classe marche bien pour s'apercevoir au contrôle que la majorité n'avait pas compris.
Ne pas stigmatiser un élève ou une classe. Ils y sont très sensibles. Plus on dit à un élève ou à une classe qu'ils sont nuls, plus ils s'enferment dans ce rôle. En particulier si leurs profs passent leur temps à les comparer à d'autres : "Dans mon autre 3ème, j'ai fait ça en 3/4 d'heure, avec vous, il m'a fallu 2 heures ! Et ils ont une moyenne de ... alors que vous...". A éviter à tout prix.
Eviter le sarcasme ou l’ironie. Les élèves prennent tout au 1er degré et une remarque que l'on croyait pleine d'humour peut être reçue comme une claque. Avec des classes dites "difficiles" on marche souvent sur des oeufs, donc il faut éviter tout risque de mauvaise interprétation de nos paroles. Mieux vaut s'en tenir à une économie de paroles et de gestes.
Comme je l'ai déjà signalé, faire face à ces classes difficiles en équipe soudée. L'union fait la force, dans notre métier aussi.
Il y a des classes impossibles, on le sait, c'est inévitable. Il faut en premier lieu faire en sorte que ça se passe bien avec les autres classes, et agir avec celles-là en équipe, avec l'aide de l'administration.
Beaucoup dépendra aussi de notre capacité à les intéresser à notre cours. Des élèves désoeuvrés sont des élèves potentiellement à risque. Ne leur laissons pas uen minute de répit, en variant les activités.
En cas de conflit personnel grave avec une classe, accepter la médiation d'une personne extérieure, si nécessaire. C'esr difficile et déstabilisant, parce qu'un médiateur écoutera les deux parties, et qu'on risque de prendre leurs propos en pleine figure, et qu'il faudra accepter de se remettre en cause.

Ensuite, quand les choses se sont améliorées, ne pas oublier d'être positif et souligner les efforts et les avancées.

Avec les élèves en refus de l'école, le minimum exigible est la prise de notes et le calme en classe.
Etre attentif à la moindre lueur dans l’œil des élèves les plus récalcitrants. Elle ne se reproduira pas souvent, il ne faut pas la rater !
 
Les classes difficiles
Exemples de techniques
Faire poser les carnets sur le coin de la table, comme une épée de Damoclès.
Dans le cas d'un élève incontrolable, menacer (et le faire si nécessaire!) de punir les autres élèves s’ils rient de ses âneries.
Sanctionner cet élève s’il ne lève pas la main pour parler.
Technique de la punition instantanée : "tu prends une feuille et tu copies la leçon. Je ramasse ta feuille dans 1/4 d'heure."
Utiliser tout l’éventail des sanctions. Ne pas commencer par la grosse artillerie pour une broutille. Il serait bon que l'établissement se dote d'un outil clair pour savoir à quel comportement correspond quelle sanction. Les choses sont beaucoup plus claires, pour les profs comme pour les élèves. Il ne s'agit plus d'un prof trop strict ou injuste, etc., mais d'une sanction précise à une comportement précis.
Préciser aux élèves que l'on avait prévu une certaine quantité de travail à faire, que cela doit impérativement être fait, et sera fait. Et que si ça n'est pas le cas à la fin de l'heure, ils auront tout à faire seuls à la maison .
La solidarité entre les profs est indispensable : si on a du mal avec une classe ou avec des élèves, demander aux collègues se trouvant dans les salles à côté s'ils accepteraient de nous prendre un élève en cas de problème. Dans ce cas, il ne part pas vers le CPE ou l'administration, mais vers la classe à côté avec du travail à faire, et avec une perturbation minimum. C'est une situation qu'ils n'aiment pas beaucoup et on peut, nous, continuer à faire cours.
Le rétro-projecteur : les ennuis commencent souvent dès que nous nous retournons pour écrire au tableau. Avec un rétro on peut prévoir le maximum sur transparents (par exemple le vocabulaire à écrire, les corrections d'exercices, etc.), et on essaye de faire face aux élèves pendant tout le cours.
 
Adapter son enseignement à la classe et aux circonstances
Quelques principes
Adapter le niveau des exigences à la classe. La démobilisation vient souvent du sentiment d'incapacité des élèves devant une langue qu'ils ne comprennent pas et avec laquelle ils ne peuvent pas s'exprimer. Il faut donc leur proposer des activités qu'ils peuvent réussir, tout en conservant un niveau d'exigence adapté à leur âge et aux programmes. Parfois la quadrature du cercle...
Choisir des activités selon l’heure et le jour. On ne peut pas faire la même chose le mardi de 9 à 10 et le vendredi de 4 à 5. Les objectifs pour certains cours sont :
1. survivre !
2. ne pas faire dégénérer le cours en affrontement,
3. rentabiliser cette heure quand même.
Connaître les activités trop exigentes et celles qui passeront mieux. Par exemple une activité de compréhension orale nécessite une attention plus grande et des élèves trop fatigués se démobiliseront trop vite. A l'inverse, on peut trouver des activités qui leur permettent de rester dans le calme de leur sphère personnelle, exercices écrits ou travail de recherche sur Internet dans la salle multimédia par exemple. A certaines heures, ils ne veulent surtout pas être dérangés. On peut réussir à les faire travailler en groupe classe pendant une demi-heure, puis passer à des activités plus calmes, et qui ne durent pas trop longtemps : éviter les "ça m'soûle". Le plus difficile sera la gestion du changement d'activité.
Ne pas tenter le passage en force. Quand on voit que ça ne marche vraiment pas, ne pas insister, et changer d'activité pour quelque chose de moins stressant et moins exigeant. Accepter l'idée que sa préparation n'a pas force de loi, et que les circonstances peuvent nous amener à la mettre de côté.
Bien "sentir" la classe. Il faut être capable de réagir vite et de leur proposer une activité qui va correspondre à leur état d'esprit et leurs possibilités du moment, physiques aussi bien que mentales. Il faut aussi bien sentir à quel moment changer d'activité, ce qui est souvent délicat.
Interrompre le cours 10 fois si nécessaire pour rétablir le silence et l'attention de tous.
Ne pas hésiter à terminer le cours quelques minutes plus tôt (les élèves apprennent leur leçon ou font leurs devoirs en silence).
Attention aux interros systématiquement le vendredi de 4 à 5. Ils vous en voudront, en particulier parce qu'ils seront incapables de réussir leurs contrôles. Et gare aux dernières minutes où tous ceux qui ont fini deviendront ingérables.
Et quand vous n’en pouvez plus, sortez votre Teacher’s Survival Joker Card. Pour moi, quand je ne me sens vraiment pas bien, je leur donne une liste de mots de vocabulaire à chercher dans le document. Ils passent 10 minutes à copier les mots en français, et encore 10 minutes à les chercher. Pendant ce temps, je prends du repos...
Ne pas hésiter à les remercier ou à les féliciter si tout s'est bien passé !